5.10.12

Street art et bien plus que ça


Gloire de rue, gloire à l'art de rue. Dans les grandes rues des métropoles,  çà et là,  on trouve des pochoirs- jeux de mots,  des collages, des graffitis en tous genres .. une quasi normalité, presque tombée en désuétude. Mais non, la rue en marche du monde ne vous laissera pas sur le trottoir des nouveautés. C'est officiel, l'ère du numérique a fait son entrée. Et Sandrine Boulet en fait partie, c'est même l'alpha et l'oméga du street art numérique. Son crédo? Prendre des photos d'un mobilier urbain vierge et y ajouter numériquement  des choses rigolotes. En préambule, il n'y aura pas de méchanceté ni d'outrecuidance quant au nom de famille de l'ingénue. Rencontre à Guy Moquet, chez Irene et Bernard, un bar dans le 17 eme à Paris, avec la star numérique. 

Bonjour Sandrine, tu fais quoi comme travail et pourquoi ce goût de l'art de rue numérique?

 Je fais du graphisme et je dessine souvent. Mais c'est vrai que ma passion, c'est les photos que je fais. Au départ c'était comme ça. Dès que j'étais dans la rue, je prenais les photos de mobiliers oubliés, de paysages, un peu à l'aveugle. Et un jour, mon mari m'a convaincue d'en faire quelque chose. Et puis j'ai décidé de rajouter photoshop derrière, une bonne dose d'imaginaire. Quand je prends en photo les choses qui m'attirent comme un mégot de cigarette, les gens me prennent pour une allumée. Comment ça se passe? Comme ça: au quotidien, quand j'emmène mes enfants à l'école, je vois des trucs sur le trajet. Quand je vais chercher le pain, je scotche sur 3 sacs poubelles, le dernier était percé ça faisait comme un nez. Je sais tout de suite que je peux en faire des tirages. Par exemple, j'aime les cacas de chien. Cela fait partie d'un tout! Tout est recyclable. Quand on regarde l'état de la planète, ça peut faire peur. Les artistes sont là pour passer des messages et redonner de la magie.



                                                              L'ombre de Sandrine Boulet    


Quel message veux-tu faire passer?

Après avoir vu mes photos, certaines personnes me disent qu'on ne voit plus les mêmes choses dans la rue. Qu'un simple poteau peut être aussi autre chose. Ils projettent leur propre imaginaire, et ça me plait. On est tous éphémères, on ira tous aux encombrants comme la table à repasser que je prends en photo. J'ai envie de transmettre ce virus pour que les gens aiguisent leurs sens de l'observation et développent leur imagination à partir de la réalité. La réalité dépasse toujours la fiction.


Comme ci-dessous, Sandrine se met à regarder autour d'elle. Elle remarque 3 trous dans le mur sur le trottoir d'en face. Et, spontanément, elle me fait part de la présence de trois personnages imaginaires. Nous nous mettons alors à imaginer une famille de Barbapapas. Sandrine les adore, " ils sont protéiformes, écologistes, contre les grandes villes, les rivières polluées et font attention aux animaux."





Tes influences ?

Pleins de choses diverses et variées.Les âmes enfantines. Kirikou,Tim Burton, Tex Avery par exemple. Des figures qui m'ont fait rêver, petite.. Je suis malade aussi des Simpsons et de Breaking Bad. Calvin et hobbes, Sophie Calle, aussi. Les fameuses bouches de Wallas et Gromit. Mais Marcel Duchamp reste le maître absolu, il dit cette phrase très juste " ce sont les regardeurs qui font les tableaux".

Ta dernière exposition dont tu es la plus fière?
L'observateur de Sandrine Boulet

 J'ai participé aux Cartes blanches du cube au Centre d'art numérique d'Issy les Moulineaux. J'ai complètement customisé l'établissement. On y trouve un ascenseur avec une élévation et des yeux qui traversent 3 mondes différents. Les souris ne sont pas des souris d'ordinateurs. Les chaises sont des rocking' chairs avec des personnages comme The Cure ou David Bowie. J'ai aussi retapé un camion itinérant qui se baladait dans toute l'Angleterre pour une marque de bière. Mais je dois dire que j'aime bien mon "observateur ", un bonhomme-cheminée qui observe le monde.


C'est comment chez toi?
J'ai dessiné autour des appliques, sur les murs. Sur mes murs, il y a des photos, des illustrations, des dessins d'enfants. J'ai une porte orange, un mur bleu. Le mobilier, c'est des trucs de brocante, que je trouve dans la rue. Il y a aussi un ET en peluche, un autre en sky, une assiette en porcelaine du roi et de la reine de Suède.
                                                                         Propos reccueillis par Margaux Balloffet



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